“The so-called love brings nothing but pain. Nothing is forever, there will always be an end; that is what I believed.”

La tête dans les nuages, Jung In regardait par la fenêtre la lune qui montait dans le sombre ciel au fur et à mesure que les minutes passaient. La nuit était tombée et elle se trouvait encore dans la salle de meeting, entourée de ses collègues, écoutant distraitement son patron et accessoirement ex-fiancé terminer la séance du jour. Pourquoi elle travaillait pour lui était un mystère pour tous ceux qui étaient au courant de la raison de leur rupture ; après tout, il fallait qu’elle soit un peu folle pour se présenter pour un poste dans la compagnie de son ex-fiancé après qu’il l’eut abandonnée sur l’autoroute, non ? En effet, après avoir appris la faillite de la famille de sa chère et tendre, Han Se n’avait pas trouvé mieux que la laisser en plan au beau milieu de la ligne d’arrêt d’urgence. Inutile de préciser que Jung In ne lui avait pas pardonné son acte et qu’elle ne le lui pardonnerait certainement jamais. Han Se avait beau lui courir après pour se racheter, la Coréenne refusait tout bonnement de l’écouter. La raison pour laquelle elle était presque venue le supplier pour lui donner un travail était parce qu’elle avait une dette envers lui. Rien de sentimental ou de positif ; elle ne pouvait tout simplement pas supporter le fait d’avoir toujours en sa possession l’anneau de fiançailles, sans pouvoir le lui rendre. Elle travaillait donc d’arrache-pied depuis quelques temps afin de réunir la somme astronomique et être libérée de son fardeau. Elle pourrait alors tourner la page et recommencer sa vie à zéro.

« Bien, je vous vois donc tous demain. N’oubliez pas de préparer les plans pour le meeting et passez une bonne soirée. » Jung In ne bougea pas d’un pouce, trop perdue dans ses pensées pour avoir entendu le mot qui concluait cette séance longue de deux heures. Elle ne remarqua pas Han Se qui, après s’être assuré qu’ils n’étaient plus que tous les deux, s’était approché d’elle. Le jeune directeur de projet posa alors sa main sur l’épaule de sa belle, qui sursauta au contact de la peau froide. « Jung In-ah… » Elle tourna la tête avec un sourire, sourire qui disparut à peine Jung In avait réalisé que c’était Han Se qui se trouvait devant elle. Elle se trouvait idiote aussi, comment aurait-il pu s’agir de… lui ? Ce lui qui faisait battre son cœur, bien qu’elle ne l’ait pas encore réalisé. Ce lui qui travaillait à ses côtés, en quelques sortes. Ce lui qui avait obtenu sa journée de congé, grâce à la « bonté » de Han Se… Jung In attrapa la main de son ex-fiancé et la laissa tomber dans le vide, un rictus dégoûté et lassé sur le visage. Puis elle se leva et de quitta les lieux, laissant derrière elle un Han Se abattu par l’expression qu’il avait décelé chez la jeune femme.

C’est en maudissant Han Se que Jung In descendit de son bus et prit le chemin qui la menait à sa nouvelle maison, où il l’attendait… Enfin, où elle le verrait. Aucune chance pour qu’il soit là, à l’attendre, lui qui passait son temps à lui chercher des noises. Pour ça, elle n’avait qu’à s’en prendre qu’à elle-même : bien trop fière pour accepter simplement de vivre dans une maison de « pauvres », elle avait passé beaucoup de temps à s’en prendre à lui, Kang Hyun Soo. Donc elle n’avait pas le droit de se plaindre lorsqu’il l’asticotait. Surtout qu’il s’était calmé récemment et se comportait comme un frère avec elle, empêchant Han Se de l’approcher et de la harceler. Toujours perdue dans ses pensées, la jeune femme réalisa alors qu’elle était arrivée devant la porte d’entrée de la petite maison. Aucun bruit n’en sortait, aucun cri, aucun éclat de voix. D’ailleurs, seule une petite lumière parvenait de l’une des fenêtres du salon. C’était étrange, presque anormal de ne pas entendre des bribes de disputes, qui étaient devenues des parties de son quotidien. Après tout, la famille de Hyun Soo et la sienne ne pouvaient pas se supporter et étaient forcés de cohabiter, alors ce n’était pas étonnant qu’ils passent leur temps à se chamailler pour un oui ou pour un non. Inspirant longuement, Jung In finit par ouvrir la porte d’entrée et pénétra dans la minuscule « pièce » qui faisait office de hall. Elle enleva ses chaussures, enfila ses pantoufles, grimpa la petite marche et… se trouva en face de Hyun Soo. Il était assis sur le canapé, la tête posée en arrière, les yeux fermés, la bouche grande ouverte. Jung In porta la main à sa bouche et étouffa le rire qui lui chatouillait la gorge ; il avait vraiment l’air d’un grand dadet, un peu trop simple. C’était sûrement le cas en fait. Mais il était vraiment adorable. Déposant son sac et sa veste devant l’escalier qui montait à sa chambre, Jung In s’approcha ensuite du jeune homme profondément endormi. Elle s’assit à côté de lui et passa quelques instants à l’observer, silencieusement. Puis elle approcha son visage du sien, jusqu’à ce qu’elle puisse sentir le souffle tiède du jeune homme caresser ses joues, ses lèvres. Elle se détourna bien vite, de peur que quelqu’un ne les voie ainsi. Y avait-il seulement une autre personne dans cette maison, ou étaient-ils seuls tous les deux ? Jung In fit le tour de la maison et ne trouva pas âme qui vive. Elle revint alors auprès de Hyun Soo et, fatiguée, posa sa tête contre l’épaule du jeune homme, sans se soucier qu’elle l’eut peut-être réveillé…