this is my life. C'est un dix-huit mars que les yeux de la jeune Leyna s'ouvrirent pour la première fois sur le monde extérieur. Du moins, c'est ce que ses papiers indiquent ; elle, évidemment, ne pourrait que difficilement se rappeler de ce jour-là. Comme n'importe qui. Elle naît au sein d'une famille plutôt aisée, d'une mère quasi-absente dans sa vie et d'un père très présent. Peut-être un peu trop présent, ce qui expliquerait l'attitude de la jeune femme de nos jours. Ce n'est pas qu'elle n'aime pas être jolie, qu'elle n'aime pas être féminine, non, c'est plutôt qu'elle fut entourée d'hommes tout au long de sa jeunesse et que les habitudes masculines déteignirent bien rapidement sur la cadette des Moon. Vous l'aurez donc deviné ; Leyna est le genre de jeune femme plutôt garçon manqué. Nous ne décrirons pas sa façon d'agir comme un manque de politesse, mais plutôt un manque de tact et de féminité. Si elle sait dire bonjour, bienvenue, s'il vous plaît et merci, il n'est pas juré qu'elle saura agir en bonne lady. Et, évidemment, la politesse : elle ne s'adresse qu'à ceux qui le méritent. Il ne faut pas la chercher, elle est quelque peu susceptible, comme dirons certains... et le sarcasme fuse lorsqu'on la cherche un peu trop, son arrogance lui jouant de remarquables petits tours, à elle tout comme à ses proches. Cela dit, pour revenir à nos moutons : la jeune Leyna naît donc dans un monde d'hommes, purs et durs. Tous, sauf un : son frère, qu'elle adore plus que tout depuis toute jeune. Il représente probablement tout pour elle, et même étant la cadette, elle ne peut s'empêcher de le surprotéger – tout comme lui le fait avec elle. Elle aurait tendance à dire que Kelsey est le seul homme de sa vie, le seul qu'elle n'arrivera jamais à accepter peu importe ses différends, ses défauts les plus explosifs ou ses blessures les plus profondes. Surtout depuis ce tragique – et récent – accident.
L'amour, c'est compliqué. N'importe qui le dira. Mais il est encore plus compliqué lorsque Dieu décide d'y rajouter sa petite touche personnelle, pile quand on ne s'y attendait pas. À l'âge de seize ans, la cadette des Moon est destinée à un jeune homme qu'elle ne connaît même pas. Elle s'y oppose, fermement, mais rien n'y fait : on la présente à son futur mari sans qu'elle n'ait le droit de dire son mot. Et malgré toute sa volonté à ne pas plier, elle n'a pas le choix, et c'est au bout de quelques mois qu'elle se fait à l'idée d'être emprisonnée pour le restant de ses jours avec un homme avec lequel elle ne désire même pas partager sa vie. Mais il ne suffit que de quelques mois de plus pour qu'elle ne tombe éperdument amoureuse de cet homme auquel elle était promise. Et elle touche à peine ses dix-sept ans lorsqu'elle réalise à quel point on n'aurait pu faire le meilleur choix pour elle. Ce fut un homme juste, aimant, gentil et par-dessus tout, galant. Elle qui n'était ni habituée au traitement de princesse, ni habituée à ce type d'amour de la part d'un homme... c'est à dix-huit ans qu'elle se marrie, finalement consentante, prête à vivre une belle vie avec le futur paternel de ses enfants, sa future moitié pour l'éternité ; comme le dit le mariage, du moins. Mais c'est là que Dieu apparaît dans l'histoire. Peut-être que son histoire était trop plate, peut-être qu'elle ne méritait pas cet homme : peut-être qu'il aime simplement s'amuser avec les gens pour les rendre ou plus forts, ou plus vulnérables. C'est à l'âge de dix-neuf ans que son petit monde parfait, du moins celui qu'elle s'était créé dans sa tête, s'écroule, s'écrase en petites miettes. Un simple « désolé, madame. » des lèvres du policier lorsqu'on lui annonce la mort de sa moitié, et du jour au lendemain, elle n'est plus mariée, elle n'est plus promise : elle est veuve, à peine quelques semaines après avoir fêté ses dix-neuf années de courte existence. 'Mort dans un accident de moto' est la seule raison qu'on lui donne, mais elle ne veut pas en savoir plus. C'est d'ailleurs depuis cet accident-là que la demoiselle a peur de tout ce qui fonctionne sur deux roues : vélo, moto, etc. Elle ne supporte que difficilement de s'en approcher. Danger.
L'inévitable se produisit : elle se terra dans sa solitude, convaincue de n'être plus jamais capable de donner tout l'amour qu'elle portait à cet homme à un autre homme à l'avenir. Qu'elle ne s'en remettrait jamais, qu'elle ne serait plus jamais capable de sourire : que c'était égoïste, de toute façon, de penser à sourire ou donner ce cœur à un autre homme alors que le tout premier et dernier qu'elle aima reposait à présent sagement dans sa tombe. Et alors qu'elle était prête à ne plus jamais sourire, se faire à cet horrible sort, son grand-frère en décida autrement. 'Kidnappée' par le plus vieux, dirons-nous, il l'emmena à Séoul dans le but de repartir à zéro : une nouvelle vie, un nouveau paysage, loin de tous les maux qu'ils avaient tous deux vécus en Angleterre, laissant derrière leurs géniteurs. Et même si au départ, elle en voulu à son frère, elle réalisa bien rapidement que ses intentions n'étaient que positives. Et peut-être que son frère, finalement, lui donne la force de tenter de mener une meilleure vie. Sourire à nouveau pour lui et oublier pour le rendre heureux, voilà tout ce qui compte pour la jeune femme.