☆ Un -prétendu- policier aux allures efféminés se tenait appuyé contre une paroi blanche, les yeux mi-clos, somnolant entre deux mondes tout en écoutant tant bien que mal les voix lointaines de ses supérieurs. Ses oreilles arrivaient à peine à discerner leurs paroles et lorsqu'il lui semblait que quelque un s'adressait à la demoiselle, Gayeon se contentait par moment d'un simple hochement de tête ou soit un petit murmure qui ressemblait à « hum hum ». Peu à peu, elle se sentait partir et le monde réel s'éloignait peu à peu. Il fallait croire que notre policier travesti n'a jamais été doué pour lutter contre la fatigue et surtout pas après une nuit blanche passée au bureau. Fatiguée certes, mais la jeune femme ferait toujours passer son travail en priorité et c'est pourquoi, peu importe l'heure, si son boss l'appelait pour qu'elle bosse sur une enquête, elle le ferait, même en pleine nuit. Soudainement, elle vacilla sur le côté en reprenant ses esprits, manquant de tomber sur le côté lorsqu'elle entendit l'alarme qui signalait la fin de son service. « Gayeon-shi, je prends le relais. ». D'un hochement de tête, elle remercia son collègue et alla récupérer ses affaires d'une façon automatique. « Tu devrais voir ta tête, on dirait un mort-vivant. ». Sur ses traits s'afficha alors une grimace, n'osant pas imaginer à quoi elle pourrait ressembler. La demoiselle ne tarda pas à tâter au fond de son casier à la recherche d'un miroir et effectivement, il y avait de quoi la comparer à un zombie. De grosses cernes se dessinaient sous ses yeux rouges, faisant ainsi ressortir un teint d'une pâleur extrême. C'était à peine si elle se faisait peur toute seule. Et puis, comme toujours, en sortant du post de police, Gayeon se rendit dans un petit café convivial, deux rues plus loin.

Tout en regardant autour d'elle, pour s'assurer qu'aucune personne n'était dans le petit couloir qui menait aux toilettes des dames. Certes, elle était censée être un homme, mais elle refusait tout bonnement d'aller dans les toilettes des hommes, de peur de tomber sur... ce que vous trouvez généralement en entrant dans les toilettes des hommes. Entrant discrètement, elle alla directement dans une des cabines après avoir vérifié une énième fois si c'était bien désert. Passant une main sur sa tête, elle enleva son chapeau de policier et enleva l'élastique qui attachait ses cheveux, les faisant tomber sur ses omoplates. Puis elle sortit de son sac une tenue plus féminine et l'enfila rapidement avant de sortir de ce qui lui servait de cabine de rechange. Une fois face au miroir, un sourire se dessina sur ses lèvres. « Kang Gayeon, fighting. » dit-elle dans un murmure après avoir poussé un fond de soupir. Vous savez, parfois, il arrive qu'on regrette le passé avec amertume. C'était ce qui lui arrivait par moment. Des moments plutôt éphémères puisque dès que son cerveau lui reflète des images de son père travaillant à sa place actuellement... Elle n'osait imaginer son état en ce moment même. Il n'aurait même pas tenu un mois, elle le savait.

Le contacte de l'eau sur son visage lui permettait de reprendre son teint habituel peu à peu, faisant disparaître la pâleur de son visage et les cernes qui lui semblaient affreux. Puis, sortant des toilettes, Gayeon alla commander un verre de Macchiatto, un petit plaisir personnel qu'elle s'accordait quotidiennement. Cette boisson était tout simplement exquise. Si certains se shootaient à la drogue, Gayeon elle préférait « se shooter » au macchiato. Après quelques minutes d'attente, la demoiselle sortit du café, tout en dégustant sa commande, sans même remarquer sa moustache de mousse au lait. La jeune femme flânait à présent dans les rues de Séoul, sans but apparent. Ses yeux s'illuminèrent à chaque fois qu'elle était à un autre endroit, comme si elle redécouvrait Séoul dans toute sa splendeur, ville dont elle a dû faire le tour des centaines de fois déjà auparavant pour de quelconques raisons. Puis, au bout de quelques minutes de marche, elle s'arrêta dans un parc d'un coin de Namsan park et alla s'asseoir en haut d'un toboggan pour enfant, tout en continuant son café. La douce brise du vent du soir lui caressait tendrement le visage et, elle restait là, le regard perdu dans le vide, pensant à sa famille qu'elle a laissée derrière elle à Damyang, le village où elle a passée son enfance et son adolescence. En ce moment même, elle se demandait ce que ses parents pouvaient penser du fait que leur fille unique ait dû se travestir pour remplacer son paternel sans même qu'ils ne le sachent avant qu'elle les appelle pour les prévenir une fois que son plan avait commencé. Ce jour-là, Gayeon leur avait raccroché au nez, ne voulant pas savoir ce qu'ils allaient dire à ce sujet et elle ne les avait plus rappelés depuis. De toute façon, quoi qu'ils en disent, il était bien trop... Ses pensées s'interrompirent d'une traite lorsqu'elle entendit une voix masculine l'interpeller. Et bien évidemment, elle n'eut aucun mal à le reconnaître, sans même tourner la tête vers la personne en question. Bien sûr, comment pouvait-elle ne pas reconnaître celui qui lui faisait vivre un vrai calvaire de temps en temps eoe. « Kang Shi Hyuk. » murmura-t-elle dans un petit grognement. Finalement, elle aurait mieux fait de retourner directement chez elle...